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« Sell in may and go away » : vrai ou faux ?

Quel est donc cet adage boursier ?

L’adage anglophone, très connu des boursicoteurs, nous dit de vendre en mai afin de réinvestir à la fin de l’été, courant septembre. L’idée est ici d’éviter la baisse estivale et d’acheter quand le marché redémarre en période pré-hivernale. Cette stratégie d’investissement caractériserait une croissance de la bourse d’octobre à avril supérieure à celle des autres mois.

 

Aux origines de l’expression…

Cette maxime boursière remonte à 1930 et tire son origine d’un vieil adage britannique. À l’origine le dicton intégral disait : « Sell in May, go away, and come back on St. Leger’s Day. » – la Saint Léger faisant référence à une course de chevaux empirique en Angleterre, qui se tenait courant septembre depuis le 18ème siècle. Les aristocrates, banquiers et marchands avaient alors pour habitude de quitter Londres pour la campagne et sa fraîcheur.

 

L’adage est-il vérifié ? Que nous disent les chiffres ?

Afin de savoir si cet adage célèbre est justifié, nous avons répertorié dans un tableau les performances de six des indices majeurs mondiaux (le Cac, le Dax et l’Eurostoxx pour l’Europe, et le fameux trio étalon américain outre-Atlantique, Dow, S&P et Nasdaq) sur les mois d’été (de mai à août), ainsi que la performance globale sur cette période, comparée à la performance annuelle des mêmes indices, et ce sur les dix dernières années.

Aussi, après avoir analysé le tableau ci-dessous, on remarque que l’adage a très légitimement de quoi être remis en question :

 

 

Dans un premier temps en effet, une observation globale du tableau montre que la période estivale en question reste une période globalement mitigée, avec des bilans parfois positifs, parfois négatifs, sans véritable démarcation tranchée.

S’il apparaît en effet que les années 2011, 2015 et 2019 semblent afficher des bilans négatifs, on nuancera avec les éléments suivants : en 2011, le marché était dans une tendance baissière globale qui n’a rien à voir avec l’adage, même si en effet, c’est à partir de septembre que les indices ont marqué un nouveau plus-bas ; en 2015, la période affiche en revanche une sous-performance par rapport aux bilans annuels des indices mondiaux ; en 2019, si la baisse de ladite période semble substantielle, elle reste en effet là aussi nettement en-dessous des bilans annuels.

En 2018, malgré une année négative pour les indices, on constate que les rendements sont supérieurs entre mai et août par rapport aux rendements annuels, et même que le trio majeur américain affiche alors des performances positives sur la période estivale en question. On nuancera ici aussi par le fait que cette année 2018 aura vu un dernier trimestre catastrophique sur l’ensemble des places mondiales, et donc une surperformance un peu tronquée.

En 2020, si l’adage aura été totalement injustifié, on replacera là aussi les choses dans leur contexte, puisque ce fut une année très particulière, qui s’est déroulée sous le spectre de la crise sanitaire universelle, et que depuis le plus-bas de mars de cette année, les indices ont tous retrouvé une santé insolente, rattrapant tour à tour la chute violente qu’ils avaient subi l’espace d’un mois, entre mi-février et mi-mars plus précisément, avant de retrouver de nouveaux plus-hauts, voire de battre de nouveaux records.

Sur l’ensemble des autres années, on constatera en effet que les bilans de la période sont mitigés, même si on aura l’honnêteté de dire que les performances annuelles resteront meilleures que celles de la période en question.

 

En résumé, une étude panoramique sur les dix dernières années pousse à en déduire que, s’il n’est pas tout à fait illégitime (bilans annuels souvent meilleurs que les bilans de la période estivale étudiée), l’illustre adage « Sell in May and go away » n’est pas non plus le plus légitime qui soit en termes de prises de décision stratégiques. C’est donc avec des pincettes que nous conseillons aux investisseurs de suivre cette maxime traditionnelle, afin de ne pas passer à côté de certaines opportunités, ni de vendre parfois un peu trop tôt.

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