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Londres: Fin d’une ère et début d’une balkanisation financière en Europe ?

Le Brexit a inéluctablement entraîné un renouvellement du paysage financier européen. Longtemps reconnu comme une plateforme boursière et financière incontournable en Europe, Londres doit désormais faire face à des nouveaux enjeux et céder sa place à d’autres capitales telles qu’Amsterdam ou encore Paris. Selon Alasdair Haynes, directeur général de la plateforme de transactions Acquis Exchange à Londres : « Il s’agit d’un événement de l’ordre du big-bang et c’est un élément que le marché n’a pas encore complètement intégré ».

 

La City : le maillon faible de l’accord du Brexit ?

 

Au cours des dernières décennies, la City avait renforcé sa position en tant que centre financier de l’Europe. Grâce à son ouverture aux capitaux et à l’expertise étrangère, Londres est devenu un acteur essentiel de l’industrie des bonds euros et a particulièrement su attirer les investisseurs outre-Atlantique. Le Global Financial Centres Index (GFCI) classait encore Londres comme la deuxième place financière mondiale derrière New York en septembre 2020. Néanmoins, l’attractivité de la place londonienne est remise en cause en raison du Brexit et se verra probablement rétrogradée lors du prochain classement en mars 2021. On a déjà pu observer ces derniers mois que certains établissements financiers ont élaboré des plans d’urgence en transférant notamment une partie de leurs activités de l’autre côté de la Manche.

La question de Londres comme centre mondial en finance n’a pas été un sujet largement abordé durant les négociations avec Bruxelles. La pêche, qui représente seulement 0,1% du PIB britannique contre 7% et 1,1 million d’emplois pour la finance, a été quant à elle un point crucial selon le journal Le Monde. Pour preuve, l’une des plus grandes banques américaines, Goldman Sachs, a annoncé en novembre dernier le transfert à Paris de sa plateforme de trading « Sigma-X » initialement basée à Londres. Celle-ci est opérationnelle depuis janvier 2021.

 

Drew / AP / SIPA

 

Face à la crainte d’un “no-deal”, on estime que 7.500 emplois du secteur financier ont déjà été délocalisés vers Paris, Francfort, Dublin et Amsterdam et que 1.000 milliards de livres d’actifs ont été déplacées. Cependant, Bruxelles et Londres se sont fixés mi-mars pour parvenir à un accord concernant la coopération dans les services financiers. En n’étant plus affilié à l’Union Européenne, le statut de Londres comme plaque tournante de la finance perd de son éclat et ne repose plus que sur l’espoir d’obtenir des équivalences dans les 59 domaines de finance concernés.

 

Les répercussions sur la régulation financière

 

Selon le Financial Times, le divorce avec l’Union Européenne va avoir des répercussions sur les sites financiers de la City et de Canary Wharf (l’équivalent de La Défense à Londres). Néanmoins, Jonathan Guthrie, journaliste de la colonne LEX, estime que les investisseurs et les managers de Hedge Fund seront très peu affectés par le Brexit à l’inverse des banques ou encore du London Stock Exchange. Ce dernier est effectivement à l’épicentre du Brexit du fait de son système de compensation de produits dérivés. En prolongeant temporairement ce service sur une période d’un an à compter du Brexit, l’Union Européenne ne supporte donc pas pour le moment le risque qui y est associé et permet ainsi de préserver le marché des produits dérivés de toute perturbation immédiate.

En effet, à la suite de sa sortie de l’UE, le Royaume-Uni a perdu son « passeport européen » lui permettant de faire les transactions, les échanges de produits et de services financiers de l’autre côté de la Manche. La Commission Européenne doit donc décider d’accorder ou non les équivalences pour permettre au Royaume Uni de faire perdurer ces activités et veut s’assurer pour cela que la réglementation financière à Londres reste alignée à celle de l’Union Européenne. Cependant, selon Mujtaba Rahman, consultant en risques politiques en Eurasie : « Le gouvernement [britannique] n’est pas vraiment intéressé par l’équivalence car il pense que le secteur des services financiers sera mieux et plus efficacement réglementé par le Trésor et la Banque d’Angleterre que par Bruxelles ». Les services financiers représentent 150 milliards du chiffre d’affaire britannique et ont contribué à hauteur de 76 milliards de livres sterling environ en recettes fiscales pour le Trésor l’année dernière, ce qui rend le secteur essentiel pour l’économie britannique.

 

Amsterdam grand gagnant du Brexit ?

 

Dès le lundi 4 janvier, les banques de l’Union Européenne ont dû traiter les actions libellées en euros au sein de l’Union Européennes, les contraignants à les transférer sur le continent alors qu’elles étaient jusqu’ici échangées sur des plateformes à Londres. Le journal Les Echos estimait déjà fin Novembre 2020 que 30% du volume d’actions pourrait quitter la City.

Si Goldman Sachs et la plate-forme Acquis ont opté pour Paris, la grande majorité a préféré se tourner vers la capitale des Pays Bas. C’est le cas de CBOE, représentant 22% de part de marché sur les transactions d’actions européennes, qui a déménagé sa structure aux Pays-Bas en 2019 craignant un « no deal ». La filiale du London Stock Exchange, Turquoise, a également suivi CBOE à Amsterdam. Ce dernier est ainsi devenu le plus grand centre de négociations d’action d’Europe à la place de Londres : on compte en moyenne 9,2 milliards d’euros d’actions échangés par jour sur Euronext Amsterdam, les branches néerlandaises de CBOE Europe et Turquoise en janvier 2021, soit quatre fois plus qu’en décembre.

 

 

REUTERS / Michael Hirtzer

 

De son côté, Londres enregistre seulement 8,6 milliards d’euros. Selon le Financial Times, la hausse au Pays-Bas s’explique tout simplement par l’interdiction des institutions financières en Union Européenne de négocier à Londres tant que le Royaume-Uni ne bénéficiera pas auprès de Bruxelles des équivalences et du même statut de surveillance.

 

Wall Street pourrait également bénéficier du Brexit 

 

Bien que le marché de dérivés soit particulièrement bien implanté aux Etats-Unis, Londres s’était placé jusqu’ici comme un acteur majeur européen dans le domaine. Ce marché a démarré en Europe avec la création sur le sol Britannique du LIFFE (London International Financial Futures Exchange) en 1982. Malgré l’arrivée de l’euro, Londres est resté une place européenne majeure concernant les produits dérivés.

Au niveau mondial, le marché de dérivés représente au total plus de 50.000 milliards d’euros de notionnel. La sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne empêche donc les banques européennes d’échanger normalement : dans un communiqué publié fin novembre, la Commission Européenne a annoncé son refus d’accorder un régime d’équivalence à la City bien que le système de compensation de dérivés soit maintenu. Les banques européennes n’ont donc plus l’autorisation d’effectuer leurs transactions sur le sol britannique tant que Londres ne bénéficie pas d’un régime d’équivalence. Les produits dérivés en euros traités à Londres représentaient jusqu’ici des milliers de milliards d’euros de transactions et la part de marché britannique dans ce domaine a baissé de 40% à 10% selon Les Echos. Cette nouvelle contrainte entraîne le transfert des transactions de dérivés à New York et pas seulement en Union Européenne. « Il sera extrêmement difficile de faire revenir ces transactions à Londres ou alors au prix de très gros avantages, notamment fiscaux » souligne Antoine Pertriaux, responsable de la recherche chez Adamantia.

L’autorité européenne des marchés admet que « cette approche crée des difficultés pour certaines contreparties de l’UE, particulièrement les succursales de sociétés d’investissement de l’UE au Royaume-Uni ». En effet, les opérations effectuées sur le sol britannique doivent normalement répondre à une réglementation locale mais plusieurs banques européennes ont établi des succursales à Londres plutôt que des filiales. Cela implique que ces structures n’ont pas de personnalité juridique propre et qu’elles doivent ainsi répondre à la réglementation européenne.

Cependant, l’ESMA (European Securities and Markets Authority) ne considère pas que cette interdiction d’opérer au Royaume-Uni menace la stabilité du système financier puisque les institutions financières ont la possibilité d’effectuer des transactions sur les dérivés sur des places de marchés situées en Union Européenne ou dans des pays bénéficiant d’une équivalence réglementaire tels que les Etats-Unis. Néanmoins, l’ISDA (association regroupant les professionnels des produits dérivés) souligne le risque de dégradation de la liquidité et une hausse des coûts. Selon Les Echos, l’ESMA affirme suivre de près l’évolution de cette liquidité afin de s’assurer que le marché continue de fonctionner après le 1er janvier.

 

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