L’économie mondiale, fin 1970, est comme frappée par un mal qui se terrait jusque-là dans l’ombre. L’inflation dépasse le seuil des 5% cette année-là et déclenche une crise économique qui durera plus de 20 ans. En 1971, les États-Unis connaissent leur premier déficit commercial du siècle. Induit par plusieurs facteurs comme le dérèglement du système monétaire, la fin du fordisme, une révolution technologique ou encore la modification du commerce mondial, la fin d’un cycle, qualifié de « Trente Glorieuses », s’installe. Pour enfoncer le clou, deux chocs pétroliers, en 1973 puis 1979, surviennent. Les prix du baril flambent, l’occident alors très dépendant de cette énergie vacille, la croissance baisse, le chômage augmente. Aujourd’hui, l’inflation fait son retour, survole notre économie, mais… va-t-elle y faire son nid ?
LA GRANDE MODERATION
À la suite de la crise économique majeure de 1970, l’ensemble des pays membres de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) sont entrés dans une ère économique que les spécialistes Stock et Watson ont appelé, en 2002, « la grande modération ». C’est une période comprise entre les années 80 et jusqu’au début de la crise du Covid-19, durant laquelle une diminution de la volatilité macroéconomique est constatée. Certains économistes estiment que cette période a pris fin lors de la crise financière de 2008 et d’autres considèrent que c’était un accident. Durant ces années-là, l’inflation est contrôlée et les récessions sont modérées. Les différents PIB évoluent entre des plus-hauts et des plus-bas relativement restreints.
Selon un article du journal la Tribune : « Trois causes ont été avancées et testées statistiquement. Un, le hasard : la baisse de la volatilité macroéconomique après 1984 serait due à une absence de chocs externes majeurs (comme les crises pétrolières). Deux, les améliorations structurelles des économies, comme par exemple, la meilleure gestion des stocks autorisée par les nouvelles technologies de l’information, ou la plus grande fluidité du financement autorisée par l’innovation financière. Trois, le perfectionnement des politiques économiques, en particulier de la politique monétaire. »
LES SUITES DE LA CRISE DE 2008
Le 15 septembre 2008, l’Amérique apprend et subit la faillite de sa quatrième plus grande banque, Lehman Brothers. Les conséquences sur la société sont désastreuses, les institutions doivent prendre des mesures concrètes et en particulier les banques centrales. Jusqu’alors, celles-ci avaient adopté des politiques monétaires dites « conventionnelles ». Ce type de politique se base sur deux principaux instruments. Le premier concerne les réserves obligatoires qui imposent, de la part des banques centrales, aux banques commerciales de conserver auprès d’un compte détenu par la banque centrale un pourcentage de crédits qu’elles accordent. Le second, qualifié d’open-market, consiste à garder le contrôle, par la banque centrale, sur les banques commerciales en ajustant le taux auquel celles-ci empruntent. Ainsi, selon le site internet lafinancepourtous : « Si la BCE augmente le taux de ses opérations de refinancement, les banques vont répercuter cette hausse sur le coût des crédits qu’elles accordent. Les agents économiques vont être plus réticents à emprunter et vont alors réduire leur consommation (particuliers) ou leur production (entreprises). » Cet instrument est très important et puissant.
Seulement, étant donné la nature de la crise financière de 2008, les banques centrales ont dû mettre en place des politiques monétaire dites « non conventionnelles ». Ces politiques s’illustrent de manières différentes en fonction des banques centrales. Certaines ont mis en place des taux d’intérêts négatifs pour inciter les banques commerciales à accorder des prêts plus facilement et ne pas « garder » leurs fonds dans les coffres de la banque centrale. D’autres ont pris la décision d’annoncer leurs orientations stratégiques de façon claire et transparente avant leur mise en place ; cet instrument est la forward guidance. Il existe aussi le QE (quantitative easing) qui consiste selon abc-économie : « à acheter massivement des titres financiers aux banques, ce qui fournit à celles-ci des liquidités ». Fin 2018, la BCE a racheté pour plus de 2.570 milliards d’euros dans le cadre de sa politique monétaire non conventionnelle.
2021, l’INFLATION FAIT SON RETOUR
Il est nécessaire de comprendre l’évolution de l’économie et en particulier de l’inflation durant la grande modération et à la suite de la crise de 2008 pour observer, avec du recul, pourquoi l’inflation fait son retour en 2021 et quelles pourraient être les conséquences, les mesures prises par les banques centrales et les risques.
La crise sanitaire du Covid-19 a impacté fortement l’économie mondiale. La demande globale s’est repliée, l’offre a diminué, les prix du pétrole et d’autres énergies ont dégringolé et la croissance a opéré un recul. En 2020, le taux d’inflation est de 0,5% comparé à celui de 2019 qui était de 1,1%. Cependant, depuis quelques mois, l’économie mondiale reprend ses marques et par conséquent le prix des énergies, relativement volatile, a augmenté fortement. La demande a repris et l’offre ne suit pas. S’ajoute à cela les difficultés d’approvisionnement, les pénuries de main-d’œuvre et la hausse des salaires. L’ensemble de ces facteurs sont des catalyseurs du retour de l’inflation.
Cependant, l’inflation qui avait disparu durant la grande modération pour reprendre en 2008 avec cependant un contrôle assuré, peut avoir des effets dévastateurs. La crise de 1970 n’est rien quand on la compare à celle de 1929. Celle-ci est catastrophique. Partie des États-Unis pour se propager dans le monde entier, cette crise démarre dans le monde de la finance pour se répandre à l’économie réelle. Selon le site internet economie.gouv.fr : « Deux chiffres suffisent pour mesurer l’importance de cette dépression planétaire : la production industrielle américaine a baissé de moitié de 1929 à 1932 et le taux de chômage est passé de 3,1% à 24% ». Cette déroute économique mènera, en grande partie, le monde vers une des plus grandes tragédies de l’histoire : la Seconde Guerre mondiale.
Cependant, nous sommes encore loin de pouvoir prédire un scénario futur similaire. En effet, des institutions comme le Fonds Monétaire International (FMI), les banques centrales et la banque mondiale ont été créé avec pour mission de donner une ligne directrice à la planète finance et éviter des crises économiques aussi brutales.
CES INSTITUTIONS SONT-ELLES REELLEMENT UN REMPART FACE AU DEREGLEMENT DE NOTRE ECONOMIE ET A L’INFLATION ?
Contrairement à la crise de 2008, les banques étaient relativement en bonne santé lorsqu’elles ont été frappées par la crise du Covid-19. Le système financier a donc pu continuer de fonctionner correctement. C’est en grande partie sur le système bancaire que les États se reposent pour relancer l’économie et l’inflation. Et c’est ce qu’elles ont fait, ou du moins tenté de faire. En effet, les banques centrales ont réagi très vite en abaissant leurs taux directeurs. Selon le journal capital.fr : « les taux directeurs restent à leur plus bas niveau, notamment celui, négatif, de -0,5% qui taxe les dépôts en excès des banques, faute d’être distribués dans l’économie. ».
Une autre mesure, concerne le rachat d’actifs par les banques centrales expliqué par le journal capital.fr comme : « L’assouplissement quantitatif consiste pour la banque centrale à créer de la monnaie pour acheter sur le marché des emprunts d’État ou privés détenus par des investisseurs. L’objectif est que ces derniers – des banques le plus souvent – réinjectent les liquidités qu’ils obtiennent en échange dans l’économie, en prêtant aux ménages et aux entreprises qui, à leur tour, doivent stimuler la croissance et l’inflation ».
Ces deux mesures sont actuellement les principaux outils regardés de près par la planète finance auprès de la banque centrale américaine (Fed) et de la banque centrale européenne (BCE). En effet, durant la crise les prix ont diminué, l’inflation s’est réduite. Le journal Les Echos écrivait le 1er décembre 2020 : « Les prix à la consommation ont diminué de 0,3% en novembre dans la zone euro. C’est le quatrième mois d’affilée qu’ils reculent. ». C’est en partie, grâce ces deux mesures, que l’inflation est remontée à un taux proche de son taux idéal, c’est-à-dire 2% selon la BCE. En France, à la fin septembre 2021 le taux d’inflation annuel est revenu à 2,1%.
Cependant, l’inflation ne s’arrête pas et continue d’augmenter. La logique voudrait alors que les banques centrales remontent leurs taux d’intérêts directeurs et arrêtent leur rachat d’actifs. Seulement voilà : « Si la BCE commence à prévoir une hausse générale du niveau des prix au-delà de sa cible de 2% par an, elle coupera les robinets et ce serait très problématique car notre économie tient grâce à l’argent public des plans de relance », décrit Anne-Laure Delatte. Paola Monperrus-Veroni, économiste à FranceInfo explique de son côté que « Si on augmente trop tôt les taux d’intérêt pour contenir l’inflation, on va couper les jambes à la croissance qui vient de repartir. »
COMMENT RÉAGISSENT LES BANQUES CENTRALES ACTUELLEMENT ?
Le paysage économique à venir est incertain. La planète finance regarde scrupuleusement les dernières prises de décisions et les communiqués rendus par les banques centrales. D’un côté la crise sanitaire n’en finit pas, avec le nouveau variant Omicron qui a récemment affolé les marchés le vendredi 26 novembre dernier et, de l’autre côté, une inflation qui ne cesse d’augmenter.
Face à l’incertitude, la BCE a récemment rendu publique ses décisions lors de son dernier conseil de politique monétaire en déclarant : « Il a été souligné que les données disponibles en novembre 2021 ne répondraient pas à toutes les incertitudes entourant les perspectives d’inflation à moyen terme (…). Il a été jugé important que le Conseil des gouverneurs conserve suffisamment d’options pour permettre des mesures de politique monétaire à l’avenir, y compris au-delà de cette réunion. » écrit le journal Les Echos-Investir.
De son côté, la Fed a commencé à réduire son programme de rachat d’actifs. Depuis début novembre, celle-ci s’est engagée à réduire ces rachats de 15 milliards de dollars par mois. Elle n’a toujours pas pris la décision de relever ses taux directeurs mais cela ne saurait tarder avec la reconduction de Jérôme Powell à la tête de la Fed qui accorde une grande importance au contrôle de la hausse de l’inflation. Cependant, ce tournant est progressif et celle-ci ne se montre pas alarmante.
De l’autre côté du Pacifique, la banque centrale de Nouvelle-Zélande (Reserve Bank of New Zealand) a, selon le journal capital.fr : « relevé ses taux pour le deuxième mois consécutif, portant son taux d’intérêt de base à 0,75%. ». La banque centrale Sud-Coréenne (Bank of Korea) a elle aussi relevé son taux directeur ce jeudi 25 novembre passant de 0,75% à 1% préférant prendre des décisions rapides face à la hausse de l’inflation au détriment de la reprise économique.
Le scénario économique actuel pose de sérieux problèmes aux institutions financières. La balance entre reprise économique et hausse de l’inflation est compliquée à arbitrer. Les décisions futures qui seront prises seront lourdes de conséquences sur la société. Malgré l’importance du moment, tout comme les gouvernements, les institutions financières naviguent à vue, mais attention à l’inflation qui ressurgit des profondeurs…
D’un point de vue technique
- EUR/USD
On voit très clairement que les cours de l’EURUSD sont enfermés au sein d’un large canal de LT légèrement descendant, depuis juin 2008. La paire a proprement testé la borne supérieure dudit canal à plusieurs reprises entre les mois de janvier et mai derniers, sans réussir à s’en affranchir. Aussi, tant que le point pivot des 1,16 ne sera pas dépassé, il faudra rester prudents, et un retour vers les 1,11 serait d’abord envisageable, avec un regain du billet vert attendu jusqu’aux 1,065 en extension. Le cas échéant, il faudra donc attendre un passage au-dessus des 1,16 pour envisager une reprise de l’euro avec en ligne de mire les 1,205 initialement.
- Brent
Après une chute historique qui l’a mené vers les 16 dollars en avril 2020, le baril de Brent a initié un rebond majeur qui lui a permis de revenir au-dessus de l’overlap clé des 45 dollars (niveau correspondant également à un gap majeur). Au regard de l’intensité de la chute de ce vendredi, la prudence est de rigueur désormais, et une correction majeure pourrait prendre place à court terme. Aussi, tant que le nouveau point pivot situé sur la résistance clé des 86$ ne sera pas dépassé, la cassure du seuil des 63$ conduirait au test du support des 53,5 dollars (38,2% de retracement). Alternativement, au-dessus des 86$, on pourra viser les prochains objectifs de projection sur les 100 dollars le baril, voire jusqu’aux 126 dollars en extension.
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