Entre le décès de la reine Elizabeth II et le truculent départ, après 44 jours, de la Première ministre, c’est dans la tourmente que le Royaume-Uni a entamé le dernier trimestre 2022. Fortement bousculé économiquement depuis l’annonce du plan de relance fiscal par Liz Truss qui a suscité une véritable crainte sur les marchés financiers, notamment à cause des réductions d’impôts envisagées. La BoE (Bank of England) et son directeur Andrew Bailey sont intervenus en urgence en lançant un programme de rachat d’obligations afin de soutenir l’économie et la livre sterling. Ce contexte a valu à l’ex Première ministre d’avoir battu un record de longévité puisqu’elle sera restée en poste durant 44 jours à l’issue de sa démission annoncée jeudi 20 octobre dernier.
DES MESURES POUR LUTTER CONTRE L’INFLATION ET RELANCER LA CROISSANCE
Le vendredi 23 septembre, l’ancien ministre des Finances Kwasi Kwarteng présentait le nouveau budget britannique. Il a annoncé une réduction d’impôt à hauteur de 1,5% du produit intérieur brut, chose qui n’avait pas été faite depuis plus de 50 ans. S’ensuivait aussi le gel des factures d’énergie pour soutenir les ménages moyens pendant 2 ans à 2.500 livres, entrainant des dépenses pour l’état d’au moins 1.000 livres en moyenne par foyer, la différence étant payée par le gouvernement. Les entreprises ont elles aussi profité de « cadeaux », leur facture étant à moitié prise en charge pour une durée d’environ 6 mois.
Naturellement, tout cela a un coût, estimé à environ 60 milliards de livres pour les six premiers mois. Le but de cette opération était de relancer la croissance et essayer d’atténuer l’inflation, mais ces actions n’étaient pas pleinement chiffrées ou financées. De plus, cette mesure est considérée comme contradictoire : une politique de resserrement monétaire n’est pas compatible avec un plan budgétaire massif visant à « stimuler la demande », c’est comme « avoir une voiture avec deux personnes qui essaient de tourner le volant dans une direction différente ».
Toutes ces nouvelles mesures pouvant creuser le déficit ont eu l’effet d’un séisme sur les marchés. La livre sterling a très vite réagi aux nouvelles annonces, se rapprochant de la parité avec le dollar et atteignant des niveaux historiques. Les Gilts quant à eux (obligations gouvernementales du Royaume-Uni) ont vu leur taux d’intérêt drastiquement augmenter, grimpant jusqu’à 4,64%, du jamais-vu depuis la crise de 2008.
FONDS DE PENSION ANGLAIS : LA CHUTE DU CHATEAU DE CARTES
Les investisseurs sont de plus en plus inquiets des potentiels problèmes de liquidités des fonds de pension britanniques et de leur possible conséquence sur l’économie mondiale. La situation est extrêmement critique, la valeur des Gilts ayant plongé à la suite de la politique budgétaire annoncée le 23 septembre dernier.
Les fonds de pension britanniques détiennent un nombre important de Gilts. Ceux-ci sont en théorie des instruments financiers stables et sécuritaires permettant de pouvoir verser les montant dus aux pensionnaires, les obligations étant connues comme un des placements les plus sûrs.
Pour se couvrir de ce risque ordinaire et pouvoir payer les dus aux pensionnés, les fonds ont eu recours à des LDI (Liability Driven Investments) qui sont des produits complexes (contrats à terme, options…) avec un point commun : ils sont liés aux obligations britanniques.
Fin 2021, les LDI au Royaume-Uni pesaient dans les comptes pour 1.600 milliards de livres sterling, et ne posaient pas de problème étant donné que les obligations n’ont pas une volatilité très importante sur les marchés.
Les gestionnaires de ces produits dérivés, comme BlackRock par exemple, demandent un certain montant en garantie que les fonds doivent déposer (comme pour tous produits dérivés) afin de pouvoir palier à d’éventuels appels de marge engrangés par la baisse ou la hausse de l’actif sous-jacent.
C’est ce scénario qui a commencé à se dessiner lors de l’annonce des nouvelles mesures mises en œuvre et leur répercussion sur le cours des Gilts. Les fonds ont dû avancer de très importantes sommes à la suite des appels de marge à la chaîne pour garantir ces produits dérivés jusqu’à leur arrivée à terme. Pour trouver des liquidités, les fonds ont donc vendu des Gilts, accentuant ainsi le phénomène.
INTERVENTION DE LA BANQUE D’ANGLETERRE
Afin de contrer ce phénomène et d’éviter une spirale baissière incontrôlée, la banque centrale britannique avait lancé le 28 septembre un programme de rachat de Bons du Trésor à long terme pouvant aller jusqu’à 65 milliards de livres et régulant ainsi le marché. Cela a eu pour conséquence de dynamiser la livre sterling et faire baisser les taux d’emprunt de l’Etat, mais cet effet n’aura été que de courte durée. La taille maximale de ces opérations quotidiennes étant montée à 10 milliards de livres le 10 octobre dernier.
Le lendemain, la Banque d’Angleterre a annoncé qu’elle comptait élargir ses rachats de dette britannique aux « bons indexés », en raison des « dysfonctionnements » persistant sur les marchés, tout en s’adressant aux fonds en les prévenant qu’ils devraient remettre de l’ordre dans leurs comptes au plus vite. Les fonds de pensions se sont donc retrouvés avec une lourde tâche, car ils sont aussi détenteurs d’autres actifs (obligations d’autres pays, actions d’autres régions…) et s’ils venaient à avoir besoin de liquidités et se séparer de ces titres, cela aurait pour conséquence de faire plonger les autres places boursières dans le sillage de celle de Londres.
CONCLUSION
La BoE se retrouve donc dans un étau : d’un côté, elle se dit prête à intervenir une nouvelle fois afin de soutenir la stabilité financière du pays et d’un autre, elle met en garde les fonds de pension qu’elle ne pourra pas éternellement être le dernier rempart de cette possible crise.
Ce discours contradictoire n’arrange en rien la situation et, signe que les investisseurs n’ont pas repris confiance dans la capacité du Royaume-Uni à rembourser sa dette à long terme, les taux d’emprunt à 30 ans de l’État, qui étaient nettement retombés après une première intervention de la banque centrale fin septembre, ont repris leur ascension.
Face à ces craintes concernant la capacité de l’Angleterre à régler le problème, la présentation budgétaire du 23 novembre a été avancée au 31 octobre. De son côté, le FMI juge que même si le gouvernement parvient à doper légèrement et à court terme le PIB du pays avec ses annonces budgétaires, il compliquera en même temps la lutte contre l’inflation vu l’ampleur du financement prévu par emprunt.
Deux mois après sa défaite face à Liz Truss, Rishi Sunak s’est finalement vu nommer Premier ministre du Royaume-Uni. Sa prise de poste a été officialisée ce lundi 24 octobre par le parti Conservateur. Sa rivale Penny Mordaunt a quant à elle reconnu sa défaite. Les Gilts se détendent de -28 points vers 3,77 après cette nomination et permettent ainsi au Royaume-Uni de souffler. La tempête serait-elle derrière nous ? Ou est-ce juste le calme avant la tempête ? A suivre…
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