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LA CRISE UKRAINIENNE : UN CONFLIT MAJEUR AUX PORTES DE L’EUROPE

Jeudi 24 février 2022. Le monde tremble. Il est 6 heures du matin à Moscou. Assis à son bureau, un homme se tient face à la caméra. Son discours vient de se terminer et déjà les bombes pleuvent et les chars roulent sur le territoire ukrainien. C’est le début d’une guerre aux portes de l’Europe et plus largement de l’Occident. L’armée russe déferle sur le pays et ne rencontre qu’une faible opposition. Kiev est très vite cernée, le peuple ukrainien quitte en nombre son pays.

Dans la tempête géopolitique, les marchés plongent, le bitcoin perd plus de 10%, les prix du gaz et du pétrole s’envolent, le Cac corrige à la baisse et dévisse de plus de 3% et bien évidemment, la bourse de Moscou subit un krach colossal avec une baisse de l’indice MOEX de 34%.

L’économie mondiale, déjà mise à mal par la crise sanitaire, rentre dans une nouvelle période trouble où celle-ci va devoir garder la tête hors de l’eau tant bien que mal. Pour quelles raisons le monde fait-il face à ce conflit militaire ? Comment les marchés ont réagi dans le passé à des crises géopolitiques similaires ? Quelles conséquences pour ceux-ci ?

 

UN VA-T-EN-GUERRE POUR UN CONFLIT D’ORDRE MONDIAL

Depuis 1999, Vladimir Poutine est président, parfois par intérim, de la fédération de Russie. Avide de pouvoir, celui-ci réforme la constitution en 2021 pour modifier un point essentiel, la reconduction de son mandat et ainsi obtenir la mainmise sur l’exécutif du pays jusqu’en 2036. Lorsque Poutine arrive pour la première fois au pouvoir, l’armée russe est vieillissante et présente un lourd retard en matières technologique et stratégique. Il va mettre un point d’honneur à réformer l’armée nationale et engager de lourds changements pour reconstruire l’outil militaire, le professionnaliser, modifier les commandements régionaux et, bien sûr, moderniser la dissuasion nucléaire. Ainsi, Poutine voulait s’assurer d’être considéré comme une grande puissance mondiale. C’est dans cette démarche de militarisation et d’affirmation sur la scène internationale que la Russie de Poutine va devenir de plus en plus véhémente avec l’Occident et en particulier avec les États-Unis.

Cette nouvelle Russie ne veut plus être dans l’ombre de l’empire américain. Poutine déclare, à propos des États-Unis, en 2007 : « diktat et impérialisme purs » et accuse Washington de « farcir l’Europe de l’Est d’armes nouvelles ». Dans la foulée, celui-ci signe un décret « suspendant la participation de la Russie au traité sur la réduction des forces conventionnels en Europe (FCE) de novembre 1990 et entré en vigueur deux ans plus tard. La Russie n’est plus tenue de respecter les réductions des forces armées déployées à l’Ouest de son territoire, d’informer les autres signataires des mouvements de troupes, ni d’autoriser des inspecteurs à vérifier que les normes du traité sont respectées. C’est là un décalage significatif par rapport à la coopération militaire qui caractérisait la fin de la période Gorbatchev et la période Eltsine. » De plus, l’élargissement de l’OTAN durant ces deux dernières décennies sur le continent eurasien a entrainé une perte d’influence de la Russie sur des pays qui partagent une histoire de proximité avec elle.

L’Ukraine, démocratie et pays reconnu sur la scène internationale, fait partie de ces nations qui, au fil des années, se sont détachés de l’influence russe pour se rapprocher de l’Europe et plus particulièrement de l’OTAN. Chose qui ne plait pas du tout à Moscou et donc Poutine qui voudraient garder une sorte de « zone tampon » entre eux et l’Occident.

Les origines ukrainiennes remontent au XIème siècle lorsqu’une population de Scandinavie fonde la principauté de Kiev, plus grande principauté d’Europe. Ensuite, le pays va passer aux mains de plusieurs pays comme la Pologne, la Lituanie et finir par intégrer l’Empire russe sous le règne de Catherine II à la fin du XVIIIème siècle. C’est alors durant plusieurs siècles que l’Ukraine et la Russie vont être liées. En 1922, le pays fait partie intégrante de l’URSS et c’est seulement à la chute de celle-ci, en 1991, que l’Ukraine redevient un pays indépendant. Une séparation à l’intérieur du pays s’est opérée. On trouve une partie à l’Est, très proche de l’histoire russe car passée très tôt sous domination russe et une autre à l’Ouest, plus proche de celle de l’Europe car gouvernée de longues années par des puissances appartenant maintenant à l’Europe.

C’est pourquoi deux régions se soulèvent, Louhansk et Donetsk, dans le Donbass, en 2014-2015 pour former des républiques populaires et obtiennent le soutien de Moscou. Dans cette région la majorité de la population est russophone.

C’est dans ce contexte, mêlant histoire commune et stratégie géopolitique, que Poutine a envahi l’Ukraine et rompu plusieurs décennies de paix sur le continent européen depuis la Seconde Guerre mondiale.

QUELLES CONSEQUENCES POUR LA BOURSE ?

En ordonnant l’attaque de l’Ukraine, Vladimir Poutine a déclenché de gros mouvements sur les marchés financiers et brusqué l’économie mondiale à peine remise de la crise sanitaire. En engageant son pays dans une guerre, le Kremlin sait que les représailles économiques risquent d’être fortes et sévères. Avec l’annexion de la Crimée en 2014, la Russie a pu observer les conséquences des sanctions économiques et financières prises à son encontre. C’est la raison pour laquelle Moscou a désendetté la Russie et accumulé des réserves de changes. Le journal Les Echos rapporte que : « l’accumulation de réserves de change grâce aux excédents courants des dernières années et les actifs du fonds souverain russe représentent près de la moitié du PIB. Depuis les sanctions de 2014, Poutine s’est organisé pour que le pays puisse être autonome pendant un moment, résume Jean-Christophe Caffet, le chef économiste de Coface qui envisage tout de même de dégrader la note de la Russie ».

La Russie a tout fait en effet pour être autonome sur de nombreux aspects, comme la consommation de viande et de céréales ou bien son détachement de ses importations européennes pour se tourner vers la Chine : « La Russie est le quinzième importateur au monde, à hauteur de 244 milliards de dollars en 2019 » écrit le journal Les Echos. Néanmoins, la Russie exporte toujours en masse et en particulier les produits énergétiques comme le gaz et le pétrole, un point très important pour son équilibre économique.

Au regard de ces nombreux éléments, les marchés ont donc fortement réagi. Dans le passé, chaque crise géopolitique, comme l’annexion de la Crimée ou encore les attentats du 11 septembre 2001, a été marqué par des paniques boursières. C’est exactement ce qu’il s’est passé lorsque les forces armées russes sont entrées sur le territoire ukrainien bien que les marchés s’y attendaient ou du moins avaient planifié, parmi d’autres, cette hypothèse d’invasion. Le journal Le Figaro écrit : « Les Bourses européennes ont connu l’une des pires séances depuis mars 2020. Paris a clôturé en forte baisse de 3,83%, Francfort de 3,96% et Milan de 4,10%. Londres a lâché 3,82% tandis que la Bourse de Moscou s’est effondrée de plus de 30%. Vers 12H05 GMT, l’indice européen de référence Eurostoxx 50 chutait de 3,79%. Plus tôt, Hong Kong a aussi perdu 3,21%. Surprise par le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine, la Bourse de New York a ouvert en nette baisse, les investisseurs se détournant des marchés actions. Vers 14H50 GMT, le Dow Jones perdait 2,31%, l’indice Nasdaq, à forte composition technologique, 1,79%, tandis que l’indice élargi S&P 500 lâchait 1,89%. »

Du côté du gaz et du pétrole, c’est l’envolée des prix. Le journal Les Echos écrit : « le prix du baril de brent a franchi pour la première fois depuis 2014 la barre des 100 dollars. En début de matinée, quand Vladimir Poutine a annoncé le déclenchement de son opération militaire en Ukraine, il a même culminé brièvement à 105 dollars. Même tendance pour le WTI, référence américaine du baril de pétrole, qui se négocie à 96 dollars, après un pic à plus de 100 dollars dans la matinée. Dans son sillage, le contrat à terme de gaz pour le mois de mars s’est aussi envolé de plus de 30 %, atteignant 116 euros le mégawattheure ».

Pour la Russie, les sanctions prises à son encontre posent de lourds problèmes pour le secteur financier en particulier. En effet, deux importantes banques russes que sont Sberbank et VTB Bank, chutaient respectivement de 48,30% et 41,60%. La Banque Centrale Européenne (BCE) a déclaré ce lundi 28 février « la faillite ou faillite probable » de Sberbank, considérée comme l’une des plus grandes banques du pays. Avec cet isolement du système financier russe du reste du monde, en outre par l’exclusion du système Swift de certaines banques, le rouble (la monnaie centrale du pays) a chuté historiquement. Ce lundi 28 février, d’après le journal Le Figaro : « Dès la première seconde d’échanges, il fallait fournir 90 roubles pour obtenir un dollar lundi matin, contre 83,5 au dernier taux officiel mercredi, avant l’invasion de l’Ukraine. Par rapport à l’euro, le taux de change est passé de 93,5 à 101,19 roubles (…) Pour défendre l’économie et la monnaie nationale face aux sanctions occidentales, la Banque centrale de Russie avait, elle, porté son taux directeur de 9,5 à 20% lundi matin. ».

Ce sont tout autant de conséquences négatives pour les marchés financiers. Néanmoins, d’après un article du journal Les Echos : « Les paniques boursières liées à des conflits militaires n’ont pas fait long feu » rappelle Emmanuel Cau de Barclays « au cours de chacun de ces évènements, les actions ont chuté immédiatement après le début du conflit, mais ont terminé généralement en hausse six mois plus tard » (…) un constat partagé par les stratégistes de LPL Financial. Ils ont observé la réaction de Wall Street lors de différents épisodes de tensions géopolitiques, à partir d’une base de données plus étoffées. Celle-ci inclut des attentats terroristes en Europe, le conflit syrien, et même l’attaque surprise de Pearl Hearbor durant la Seconde Guerre mondiale. Sur la vingtaine d’évènements compilés, l’indice américain S&P 500, le plus large de Wall Street, a perdu en moyenne 5%. Il lui aura fallu moins de 50 jours en moyenne pour retrouver son niveau d’avant crise. ».

Dans les semaines et les mois à venir, les marchés déjà fragilisés par le resserrement imminent des politiques monétaires des banques centrales, devront faire face aux incertitudes toujours plus grandissantes comme le recours à l’arme nucléaire, l’inflation, la réaction de la Russie face aux sanctions mondiales…

 

UN IMPACT MAJEUR SUR L’ORDRE FINANCIER MONDIAL

L’ordre mondial est bousculé et son économie avec. Les réactions risquent d’être diverses en fonction des lieux géographiques des pays/régions concernés, de leurs liens avec la Russie, ou avec l’Ukraine…

Au niveau financier, Wall Street, pour le moment, réagit plutôt correctement, et risque d’encaisser ces évènements de façon moins douloureuse. Les États-Unis contrairement à l’Europe étant moins vulnérables vis-à-vis de la Russie en matière d’énergie. De plus, la position géographique de l’Europe fait craindre aux investisseurs un potentiel envahissement de celle-ci par l’armée russe.

Les secteurs boursiers sont également touchés différemment. Les établissements bancaires qui se retrouvent en lien direct avec la Russie comme la Société Générale encaissent le coup plus sévèrement ; celle-ci, qui était déjà en pleine phase corrective, a perdu près de 30% au plus bas (données au 2 mars 2022, NDLR). Les entreprises en lien avec les énergies sont elles aussi dans la tourmente et nombre d’entre elles décident de stopper leurs investissements en Russie. A l’inverse, les entreprises su secteur de l’armement se portent à merveille. Depuis le 31 janvier, d’après le journal Les Echos, Dassault Aviation ou bien Thales ont pris plus de 20%, cette dernière allant même jusqu’à prendre plus de 35% entre le début de l’attaque russe (le 24 février) et début mars. Le secteur risque de continuer dans cette optique à la vue des réactions de pays comme l’Allemagne qui ont décidé d’augmenter leurs dépenses militaires dans les années à venir avec un budget annuel de 2% du PIB allemand, soit près de 100 milliards d’euros.

Au niveau du secteur des cryptomonnaies, on a d’abord observé un net recul lorsque la guerre s’est déclenchée, les investisseurs réagissant par ce qu’on appelle la « peur-panique ». Seulement, par la suite, le rebond a été rapide et important en raison notamment de deux facteurs majeurs : d’un côté, l’afflux massif de dons à l’Ukraine s’est fait très rapidement en cryptomonnaie, plus de 10 millions de dollars de dons ; d’un autre côté, cette augmentation vive vient aussi du fait qu’un nombre important de Russes, notamment les plus nantis, sur fond d’une rumeur d’une ponction de leur épargne par l’Etat et d’une perte de valeur du rouble bien réelle, se sont tournés vers les cryptomonnaies comme valeur refuge, moins contrôlable, pour sauver leurs capitaux.

Néanmoins, le revers de la médaille pourrait se faire sentir très rapidement pour les cryptomonnaies. En effet, de nombreux pays pourraient utiliser ce biais-là pour infliger des sanctions additionnelles à la Russie, notamment en régulant les monnaies virtuelles. L’Europe, poussée par une Christine Lagarde toujours plus farouche à l’encontre des cryptomonnaies, veut « profiter » du conflit russo-ukrainien pour appliquer la loi MiCA (Markets in Crypto-Assets). D’après le Journalducoin : « dans sa déclaration du 25 février rapporté par Cointelegrah, Christine Lagarde présente les transactions en crypto monnaies comme un « moyen criminel » de contourner des sanctions imposées par l’OTAN et ses alliées ».

Ce conflit rebat les cartes déjà bien brassées, depuis la crise sanitaire, pour l’ordre économique mondial. L’incertitude risque de se faire de plus en plus grandissante aux grés des décisions géopolitiques, des sanctions économiques… Moscou se retrouve à mener une guerre sur deux fronts, aussi bien militaire qu’économique. Le monde essaye d’asphyxier les ressources du pays pour pousser le Kremlin à capituler. Les tensions montent, des alliances se nouent, des désastres humanitaires se profilent… La guerre a tristement fait son retour sur le Vieux Continent, en 2022 !

 

Indice russe (IMOEX)

Rouble russe contre Dollar américain (RUB/USD)

Taux d’intérêts Banque Centrale Russe

 

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