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TF1-M6 : l’amour est dans le PAF ?

Cela faisait déjà plusieurs mois que l’actionnaire principal de M6, l’allemand Bertelsmann, avait annoncé vouloir se séparer du groupe M6. Après avoir reçu plusieurs offres déposées à la banque d’affaires JP Morgan par différents grands noms du média français tels que Xavier Niel ou Vivendi, c’est Bouygues qui finalement séduira Bertelsmann. A la suite d’un week-end de l’Ascension fort en négociations, la nouvelle tombe le lundi 17 mai 2021 : Bouygues et sa filiale TF1 vont acquérir 30% du groupe M6. Bertelsmann, propriétaire de RTL Group, conservera 16% du capital dans un souci « de faciliter des négociations auprès de l’autorité de la concurrence ».  Pour acquérir ces parts et sceller la fusion, Bouygues va devoir débourser la somme de 641 millions d’euros. Nicolas de Tavernost, actuel président du groupe M6, devrait être à la tête de ce nouveau géant audiovisuel français. Tandis que Gilles Pélisson, PDG de TF1, deviendrait le directeur général adjoint de Bouygues en charge des médias et de développement.

Créé en 1987, le groupe M6 s’impose aujourd’hui comme l’un des principaux leaders du média français. Initialement conçu autour de la chaîne M6, il a su progressivement étendre son activité à travers une diversification du contenu proposé. Il s’adresse aux plus jeunes avec des chaînes de divertissement comme Gulli, mais aussi aux plus âgés sous d’autres formats tels que la radio avec RTL. M6 a su se démarquer et bâtir sa réputation en élargissant au maximum son activité.

Cette acquisition du troisième acteur télévisuel français représente une véritable opportunité pour Bouygues. Déjà parmi les leaders du secteur avec sa filiale TF1, cette fusion lui permettra de s’imposer davantage en dépassant le groupe France Télévisions qui détient aujourd’hui 28,90% de la part d’audience (ou « audimat » dans le jargon traditionnel). L’union de ces deux principales chaînes contrôlera en effet plus de 70% du marché publicitaire, mais aussi près de 45% de la part d’audience. Cette négociation donnera naissance à un groupe gigantesque présent sur la totalité des marchés : production de séries, sites de replay, VOD, radio, dix chaînes gratuites, des sites internet comme Doctissimo, etc.

 

Une volonté de se faire une place dans le marché du streaming

A l’heure où Netflix domine le marché du streaming, cette union a pour but principal de venir concurrencer les géants américains. Olivier Roussat, directeur général de Bouygues a attesté dans le communiqué vouloir créer un grand groupe de média français capable de rivaliser avec Amazon, Disney ou encore Netflix grâce à son service de VOD. Alors qu’il n’était pas enclin à l’idée d’un démantèlement de son groupe, Nicolas de Tavernost est revenu sur ses dires et a affirmé « la consolidation est une impérieuse nécessité pour que le public français et l’ensemble de la filière continuent de jouer un rôle prédominant face à une concurrence internationale exacerbée qui connaît une accélération fulgurante ». Les deux groupes miseraient sur l’idée de développer une nouvelle plateforme de streaming construite autour de MyTF1 et 6play permettant à la France de se faire une place sur ce marché en constante croissance.

 

 

Si cette fusion a pour but de créer un géant présent sur l’ensemble des scènes, cela permettra aussi aux deux groupes d’effectuer des économies considérables. Le communiqué précise que les bénéfices des synergies de cette union sont estimés entre 250 et 350 millions d’euros annuels à l’issue des trois premières années d’activité du groupe.

 

Une procédure longue et incertaine

Cependant, avant que cette union soit réellement actée, de nombreux obstacles réglementaires seront à braver. Tout d’abord, la première entité à donner son feu vert quant à cette fusion est l’Autorité de la Concurrence. Elle doit approuver cette décision et cela s’annonce déjà délicat pour les deux groupes. De nombreuses interrogations émergent en effet à la suite de cette annonce, en commençant par l’inquiétude des annonceurs quant à la création d’un monopole sur le marché de la publicité. Au lieu de pouvoir négocier avec plusieurs chaînes, ils seront contraints de faire face à un seul et unique interlocuteur qui aura le libre choix d’imposer son propre tarif. Une incertitude quant aux futurs appels d’offres plane également. Prenons l’exemple de l’équipe de France de Football. Jusqu’à présent, TF1 et M6 se divisaient la diffusion des matchs des Bleus. Or, si les deux adversaires décident de s’allier, il ne sera plus nécessaire de débourser le prix fort pour diffuser les matchs. Un très mauvais point pour la FFF (Fédération Française de Football) qui constaterait une baisse de ses revenus. Le mariage entre TF1 et M6 représente donc une possible menace pour certains acteurs de la télévision. L’autorité de la concurrence devra trancher afin qu’un déséquilibre trop grand ne soit pas créé.

 

 

Le groupe « TF1-M6 » devra aussi faire face à une contrainte principale pouvant entraver au parfait développement du géant du média. Aujourd’hui en France, un groupe de télévision a le droit de détenir seulement sept autorisations pour diffuser les chaînes hertziennes. Or, le groupe TF1 possède cinq différentes fréquences (TF1, LCI, TMC, TFX et TF1 Séries Films) ainsi que le groupe M6 (M6, W9, Gulli, 6Ter et Paris Première). La direction sera donc contrainte de faire un choix entre les dix différentes chaînes et sûrement faire cession de trois d’entre elles.

Toutes ces démarches vont donc prendre beaucoup de temps. La finalisation de cette transaction est prévue d’ici fin 2022.

 

Un impact français mais pas mondial

Même si cela représente un véritable changement pour le média à l’échelle nationale, TF1 et M6 vont devoir redoubler d’efforts pour s’imposer sur le marché international. Le même jour de l’annonce de M6, le lundi 17 mai, AT&T, le plus grand fournisseur de services téléphoniques des États-Unis a en effet annoncé la fusion de WarnerMedia (HBO, CNN, Warner Bros…), son conglomérat de médias et divertissement, et Discovery (Eurosports, HGTV, Animal Planet…). Ces mastodontes du média représenteraient à eux deux 130 milliards de dollars. Alors que l’union de TF1 et M6 pèserait « seulement » 4,5 milliards. Par ordre de comparaison, durant l’année 2020, TF1 a investi au total 833 millions d’euros dans ses programmes, 434 millions d’euros pour M6 pendant que Netflix s’est permis d’injecter 19 milliards de dollars dans ses productions. Le poids du nouveau géant français est donc infime comparé aux grosses entreprises américaines.

 

D’un point de vue technique

  • TF1 (weekly)

TF1 est dans une tendance nettement haussière soutenue par la nouvelle de fusion avec le groupe M6. Depuis l’accélération des prix, fin décembre 2020, les MM 20 et 50 jours soutiennent les cours.

Aussi, tant que notre point pivot situé sur les 7,84€ (trait bleu) n’est pas enfoncé, nous privilégierons une poursuite de la dynamique haussière vers les prochains objectifs de projection sur les 10,08€ (premier trait vert), voire jusqu’aux 15,20€ (second trait vert) en extension.

Scénario alternatif : la franche cassure du pivot des 7,84€ conduirait à une tension baissière avec un retour sur le support des 6,56€ (premier trait rouge) dans un premier temps.

 

  • M6 (weekly)

Depuis ses deux points bas atteints en 2020, le titre Metropole TV (M6) est dans une dynamique haussière et a même dépassé ses niveaux d’avant crise. Le double bottom, avec le second point bas d’octobre 2020, nous permet d’établir un décompte Elliottiste en 5 vagues. Le rebond de la vague 4 sur l’overlap des 17,08€ (premier trait rouge) marque le point de départ de la vague 5 et donc d’une nouvelle hausse pour le titre.

De plus, la franche cassure à la hausse de notre point pivot situé sur les 18,04€ (trait bleu) entraînerait une reprise de la dynamique haussière vers les prochains objectifs de projection sur les 20,10€ (premier trait vert), voire jusqu’aux 24,35€ en extension (second trait vert)

Scénario alternatif : la franche cassure de l’overlap des 17,08€ (premier trait rouge) conduirait à une tension baissière avec un retour sur les 9,60€ (second trait rouge).

 

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Réalisé par Roxane Bass, avec l’aide de Marc Dagher

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