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SPECIAL MATIERES PREMIERES – GOLD/SILVER : tout ce qui brille …

État des lieux et conjoncture

Dans un environnement toujours incertain, l’or poursuit son ascension. À Londres, l’once a inscrit un plus-haut annuel à 1.815 dollars le 8 juillet dernier, affichant un gain d’environ 20% depuis le 1er janvier 2020. Aujourd’hui, seul le plus haut de septembre 2011 à 1.921 dollars reste l’ultime résistance à franchir.

Toujours côté métaux précieux, l’argent suit le mouvement en brisant la résistance des 18,40 dollars avec un nouvel objectif autour des 18,95 dollars avant de peut-être atteindre le plus haut de 2019 à 19,65 dollars l’once.

L’or est considéré depuis longtemps comme la valeur refuge par excellence sur les marchés. C’est en effet l’actif, dont les quantités et la production mondiale varient peu, vers lequel se tournent les investisseurs lors de situations tendues sur d’autres secteurs plus volatiles.

Aussi, comme l’illustrait Charles de Gaulle au XXème siècle, « Nous tenons donc pour nécessaire que les échanges internationaux s’établissent, comme c’était le cas avant les grands malheurs du monde, sur une base monétaire indiscutable et qui ne porte la marque d’aucun pays en particulier. Quelle base ? En vérité, on ne voit pas qu’à cet égard il puisse y avoir de critère, d’étalon, autres que l’or. Eh oui ! L’or, qui ne change pas de nature, qui se met, indifféremment, en barres, en lingots ou en pièces, qui n’a pas de nationalité, qui est tenu, éternellement et universellement, comme la valeur inaltérable et fiduciaire par excellence. »

La valeur refuge par excellence

Avec la crise actuelle du Covid-19 que nous connaissons, les réactions des banques centrales en termes de liquidité et l’augmentation des dettes du monde entier, l’or connaît une forte croissance. Lui qui ne valait que 35 dollars en 1971 et en vaut aujourd’hui plus de 1.800 (soit une hausse de plus de 5.000% !) peut être qualifié de monnaie la plus stable, fiable et croissante de l’histoire.

L’or est corrélé a tellement de facteurs différents qu’il en devient presque totalement indépendant lui-même. Théoriquement en tout cas, plusieurs données exogènes au cours de l’or ont une influence sur son évolution :

  • La monnaie, surtout le dollar américain, joue un rôle essentiel sur le prix de l’or. En effet, si la monnaie se dévalue une même quantité d’or devient logiquement plus chère. C’est pourquoi certains pointent l’affaiblissement du dollar pour expliquer la récente croissance de l’or.

  • Sa réputation de valeur refuge : cet actif présente la particularité de survivre aux crises alors que tout actif ne peut assurer la même stabilité. Ainsi, lors des crises économiques, financières ou géopolitiques où l’avenir semble incertain, l’or devient très prisé et son prix s’en ressent. Il aurait donc tendance à s’opposer aux fluctuations du marché.

  • Aussi, la variation des taux d’intérêt rendant plus ou moins attrayants les placements en banques ou en bourse, une variation inverse s’observe là aussi sur l’état de la demande d’or. Récemment, nous avons observé que les taux d’intérêts aux US étaient tellement bas que les rendements des obligations une fois l’inflation prise en compte devenaient moins attractifs qu’un investissement dans le métal précieux.

Dans un environnement économique incertain où les principales banques centrales ont promis d’injecter des sommes inédites de liquidités dans l’économie, et où les obligations deviennent moins rémunératrices, l’or reprend son titre de valeur refuge. Cela s’illustre notamment avec l’attrait des investisseurs pour les ETF (Exchange Traded Funds, ou fonds indiciels cotés) basés sur l’or. En effet, les données compilées par Bloomberg montrent que le métal précieux détenu via les ETF a atteint le 7 juillet dernier 3.235 tonnes, soit une hausse de 655,6 tonnes depuis le début de l’année. Une progression supérieure à celle observée sur l’ensemble de l’année 2009, qui constituait jusqu’ici un record.

La raréfaction de l’argent

Portée notamment par les besoins des industries, la demande en argent n’a jamais été aussi forte. Les propriétés du métal précieux – durabilité, conductivité, réflexion – en font un matériau incontournable dans certains secteurs majeurs et dynamiques. Au même titre que l’or, le palladium ou le platine, l’argent métal est de plus en plus intégré aux processus industriels. Il reste aussi recherché en joaillerie ou par les investisseurs.

Dans un même temps, il semble avoir amorcé une tendance à la raréfaction. Pour la quatrième année consécutive, les chiffres de l’extraction argentifère sont à la baisse. Estimé en 2010, il y aurait un stock de 270.000 à 380.000 tonnes d’argent sur Terre. Seul un petit tiers de la production d’argent provient de mines d’argent, un autre tiers provient des mines de zinc et de plomb, un quart est extrait des mines de cuivre, un huitième provient de mines d’or. Au rythme actuel de l’exploitation de l’argent, on estime que les réserves pourraient s’épuiser entre 2021 et 2037.

Parfois considéré comme une bonne alternative à l’or quand le cours de celui-ci est élevé, l’argent reste une option plus risquée : son cours étant en effet beaucoup plus volatile que celui du métal jaune. Enfin, même s’il s’agit d’un métal précieux, celui-ci n’a pas acquis le statut de valeur refuge, détenu par des banques centrales, comme c’est le cas pour l’or.

L’argent peut néanmoins s’avérer un bon complément à l’or. Certains investisseurs surveillent le ratio cours de or/argent et opèrent des re-balancements lorsque le cours du premier devient trop élevé relativement au second. Ce ratio permet de mesurer la force relative de l’or par rapport à l’argent. Il donne le nombre d’onces d’argent nécessaires pour acheter une once d’or en divisant simplement le cours actuel de l’or par le cours actuel de l’argent. Au jour où cet article est rédigé (9 juillet 2020), le ratio est de 1813/19, soit 95,42.

La théorie voudrait pour le moment que l’on s’oriente vers l’or. Mais, prenons maintenant en compte que la production physique d’argent commence à baisser progressivement. Lorsque les réserves seront épuisées, sa rareté augmentera et logiquement son prix aussi. Dans quelques années, il ne faudra donc pas s’étonner de voir ce ratio baisser vers des niveaux plus équilibrés. Mais pour l’instant, c’est l’or qui continuera de briller.

L’argent est actuellement sous-évalué par rapport à l’or mais ceux qui pensent que les actions sont surévaluées et qui ne sont pas entièrement satisfait par le prix de l’or pourraient voir l’argent comme une excellente alternative. Cela pourrait potentiellement conduire à une plus forte demande d’argent si le marché des métaux précieux commençait à augmenter dans son ensemble. Il règne en effet un certain optimisme sur le marché de l’argent en ce moment : celui-ci offrant une exposition aux métaux précieux tout en conservant un très bon potentiel haussier. Il y a certes beaucoup de volatilité sur le marché de l’argent, mais un portefeuille diversifié peut facilement supporter cette volatilité.

 

 

Quid de l’analyse graphique ?

 

Gold (base journalière) :

 

 

Sur ce graphique de l’or sur les 10 dernières années, on observe que le cours du métal jaune évolue autour d’une borne de polarité majeure (droite bleue) autour des 1.540 dollars.

Suite à la cassure de cette droite en août 2013, les cours ont évolué dans un premier temps dans un canal descendant jusqu’en décembre 2015, puis dans un canal ascendant avant de venir buter contre la fameuse borne de polarité fin 2019.

En janvier dernier, le cours de l’or confirme son rôle de valeur refuge en amont de la pandémie du Covid-19, et passe au-dessus de la borne de polarité avant d’entamer une hausse jusqu’aux anciens plus-hauts historiques de 2012 autour des 1.800 dollars.

A plus court terme, le récent ralentissement des indices nous pousse à rester optimiste sur le métal jaune, au moins tant que le point de soutient des 1.700 dollars tiendra bon. L’objectif principal d’un scénario haussier sera dans un premier temps autour des plus-hauts historiques de septembre 2011 vers les 1.910 dollars.

Alternativement, la cassure du point pivot des 1.700 dollars remettrait en cause ce scénario d’appréciation immédiat et un nouveau test seul de la borne de polarité majeure des 1.540 dollars sera attendu dans un premier temps.

Silver (base journalière) :

Sur ce graphique de l’argent sur les 10 dernières années, on observe que le métal précieux évolue sous une oblique de résistance entre avril 2011 et janvier 2016 (matérialisée par la droite bleue).

Après cette nette tendance baissière, les cours cassent à la hausse ladite oblique avant de s’enfermer à partir de juin 2016 dans un canal quasiment plat dont la borne supérieure se rapproche et dont la borne inférieure a été franchie par un spike durant la crise du Covid-19.

Contrairement à son confrère qui a retrouvé une véritable dynamique haussière en août 2018, l’argent a été plus en peine avant de toucher un éventuel point bas potentiel en mars dernier ; hypothèse à valider avec la sortie du canal dont la borne supérieure est désormais à portée de main.

A plus court terme, tant que le point pivot des 16,45 dollars ne sera pas nettement enfoncé, on privilégiera une poursuite de la hausse vers les 21,40 dollars (sommet de juin 2016) dans un premier temps, puis une extension vers les 25 dollars dans un second temps.

Alternativement, le passage sous les 16,45 dollars remettrait en cause ce scénario d’appréciation immédiat et une nouvelle dégradation en direction des 14 dollars serait alors privilégiée.

En conclusion, l’observation de ces deux graphiques similaires nous montre le retard régulier des cours de l’argent sur ceux de l’or, puisque ce-dernier revient sur ses plus-hauts historiques alors que son petit frère en est encore bien loin. C’est aussi pourquoi un rattrapage prévisible offrirait au silver un potentiel plus significatif dont les investisseurs pourraient vouloir légitimement bénéficier.

 

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